Essilor et Luxottica, les leaders du secteur de la correction de la vue, ont récemment obtenu l’autorisation des autorités concernant leur fusion proposée, plus de 18 mois suivant l’annonce de l’opération. Dans un article publié en anglais dans le Globe and Mail, l’associé de Davies John Bodrug souligne que cette opération est le reflet d’une tendance voulant que les examens des fusions prennent de plus en plus de temps et l’illustration des risques que doivent prendre en compte les sociétés qui envisagent de fusionner.

Selon John, certains des retards découlent du fait que les autorités en matière de concurrence mènent un examen plus approfondi à l’égard de certains enjeux potentiels liés à la concurrence dans le cas des fusions « verticales » entre clients et fournisseurs, même si les parties ne sont pas des concurrents directs. Dans le cas d’Essilor et de Luxottica, l’attention des autorités mondiales semble avoir été retenue par la question de savoir si l’opération permettrait à l’entité issue de la fusion d’exclure toute concurrence dans le marché des lentilles ou des montures au moyen de la vente liée de ces produits ou, par ailleurs, d’un accès restreint des concurrents en aval à leurs produits.

John signale que cette tendance vers des examens plus poussés pourrait se poursuivre alors que les autorités gouvernementales sont aux prises avec de nouveaux enjeux pour lesquels les fondements des analyses restent encore pour l’essentiel à jeter, comme la concurrence multiplateforme, l’incidence des mégadonnées en matière de concurrence et l’incidence des fusions sur la volonté d’innover. Selon lui, les leaders du monde des affaires qui envisagent de fusionner leur entreprise devraient, plutôt que de se concentrer uniquement sur les avantages qu’ils souhaitent tirer de la fusion, considérer les risques commerciaux importants auxquels les exposent de longs examens de fusion et la réalisation reportée des efficiences devant découler de la fusion, et se préparer en conséquence.