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La grande rencontre – Agir pour le repreneuriat

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October 16, 2025

Mobiliser les forces vives pour transformer les défis du repreneuriat en leviers de prospérité durable au Québec

Plus d’une centaine d’acteurs et de décideurs du monde de l’investissement et de l’accompagnement des entreprises québécoises se sont réunis au Fairmont Le Reine Elizabeth le 9 octobre lors de La grande rencontre – Agir pour le repreneuriat. L’événement, coordonné par Davies en partenariat avec La Caisse, le Fonds de solidarité FTQ, la Banque Nationale, Desjardins et Investissement Québec, a marqué une étape importante dans la mobilisation de l’écosystème autour de la relève entrepreneuriale.

Au début de l’année, Lucien Bouchard et ses associés, Nicolas Morin et Sébastien Roy, ont cosigné une lettre ouverte appelant à une mobilisation structurée des forces vives de l’économie du Québec autour du repreneuriat. Ce message, dans la continuité d’initiatives déjà porteuses menées par plusieurs acteurs du milieu, a contribué à renforcer un élan collectif. La grande rencontre – Agir pour le repreneuriat s’est inscrite dans cette dynamique, fondée sur un constat partagé : le Québec traverse une phase charnière de transferts d’entreprises qui présente à la fois des occasions à saisir et des risques à maîtriser.

La rencontre visait à mettre en commun les perspectives, les expériences et les idées des personnes participantes afin d’intensifier et d’optimiser l’action collective pour assurer la pérennité et la croissance des entreprises d’ici. Un consensus clair s’est dégagé : la fenêtre actuelle est exceptionnelle pour transformer un risque de déséquilibre entre l’offre et la demande en un levier de prospérité, à condition de bien préparer les cédants, d’outiller les repreneurs, d’offrir des incitatifs adéquats et de mieux coordonner les efforts à l’échelle du Québec.

Participants à La grande rencontre réunis au Fairmont Le Reine Elizabeth

De l’idée à l’exécution

En ouverture, Lucien Bouchard, à l’invitation de Marie-Josée Gagnon (Casacom), a rappelé que les grands virages économiques réussis reposent sur un dialogue constant entre le secteur privé et les pouvoirs publics, soutenu par des mécanismes de concertation souples. La vague de transitions à venir peut devenir un formidable levier de renouvellement économique, à condition d’en organiser l’exécution et de canaliser les énergies. Cette mise en commun vise à transformer des décisions individuelles (céder, acquérir, financer) en un effet macroéconomique positif : renouveler le tissu des PME, rehausser la productivité, encourager l’innovation et assurer la propulsion des entreprises québécoises au bénéfice de leurs parties prenantes.

Kim Thomassin (La Caisse) a expliqué comment son organisation met à contribution capital, expertise et réseaux pour favoriser la réussite de ce vaste transfert d’entreprises, citant des exemples de transitions exemplaires (Germain Hôtels, Plastrec et Groupe Océan) toutes marquées par une préparation à long terme, une gouvernance rigoureuse et le respect des fondateurs.

Isabelle Marcoux (Transcontinental) a évoqué pour sa part l’expérience d’une relève familiale planifiée sur des décennies et soutenue par un accompagnement exigeant, illustrant qu’une transition bien préparée peut être un moteur de continuité et de croissance stratégique, saluant au passage l’encadrement rigoureux d’un conseil d’administration aguerri qui, dans le cas précis de Transcontinental, était présidé par Lucien Bouchard au moment de cette transition.

Lucien Bouchard (Davies) en compagnie de Kim Thomassin (La Caisse), Isabelle Marcoux (Transcontinental) et Marie-Josée Gagnon (Casacom)

L’état du repreneuriat au Québec

Marc Duhamel (UQTR) et Luis Felipe Cisneros Martinez (HEC Montréal) ont dressé un portrait statistique du repreneuriat au Québec :

  • une progression soutenue des transferts d’entreprises au Québec depuis 2015, accompagnée d’une augmentation du nombre de transactions visant des entreprises de taille moyenne;
  • un déséquilibre persistant entre repreneurs, souvent nombreux et proactifs, et cédants, plus hésitants ou insuffisamment préparés;
  • une proportion limitée de transferts familiaux (environ 30 %) au profit de cessions à des tiers, nécessitant une approche adaptée.

La gouvernance s’impose comme un facteur déterminant : la planification de la relève par un comité consultatif ou un conseil d’administration demeure rare, alors qu’elle facilite les transitions, rassure les partenaires financiers et améliore les résultats. Autre constat : les données disponibles sur les valeurs d’entreprises (BAIIA, actifs, segmentation par taille ou région, etc.) restent incomplètes, ce qui limite la capacité d’évaluer les besoins de financement et les impacts macroéconomiques.

Le facteur humain demeure central. La dimension identitaire, familiale et psychologique de la transmission requiert du temps, de la confiance et un accompagnement professionnel solide, particulièrement en région. Enfin, si le Québec affiche un taux de transferts inférieur à celui de l’Ontario, cela s’explique davantage par une tendance à retarder les démarches formelles que par un dynamisme entrepreneurial moindre.

Ateliers – Du diagnostic aux leviers d’action

Trois ateliers ont permis d’approfondir les constats et de déterminer des pistes concrètes.

Atelier 1 – Préparer la relève

Animé par Dany Pelletier (Fonds de solidarité FTQ) et Catherine Chantal-Boivin (Casacom), le premier atelier a porté sur la sensibilisation et la préparation des cédants, ainsi que sur la formation des repreneurs. Les échanges ont mis de l’avant plusieurs leviers : généraliser les plans de relève; multiplier les campagnes de sensibilisation; valoriser les succès locaux pour briser les tabous; et instaurer un véritable réflexe relève chez les professionnels de confiance – avocats, fiscalistes, banquiers, comptables.

Les participants ont aussi suggéré de professionnaliser la relève, notamment par des formations courtes ou des programmes de certification inspirés des instituts d’administrateurs.

Atelier 2 – Les leviers fiscaux et financiers

Animé par Marie-Emmanuelle Vaillancourt (Davies) et Félix-Antoine Joli-Coeur (Volume10), cet atelier s’articulait autour de trois axes : stimuler les entreprises, soutenir les investisseurs et préserver le patrimoine entrepreneurial québécois.

Les discussions ont fait émerger plusieurs idées : un congé fiscal sur les revenus réinvestis, l’accélération de l’amortissement des dépenses en capital, la création de fonds d’investissement dédiés au repreneuriat, ou encore l’élargissement du régime d’actions accréditives aux entreprises innovantes. D’autres propositions se sont démarquées : instaurer un « RAP du repreneuriat » qui permettrait d’utiliser les fonds d’un REER lors d’un rachat d’entreprise, garantir les prêts aux repreneurs et favoriser le réinvestissement local grâce à des allègements fiscaux ciblés.

Marie-Emmanuelle Vaillancourt (Davies) et Félix-Antoine Joli-Coeur (Volume10)

Atelier 3 – Mobiliser l’écosystème financier

Animé par Bicha Ngo (Investissement Québec) et Jean-Michel Nahas (Casacom), cet atelier a mis en lumière la richesse de l’écosystème québécois et son caractère unique, que l’on peut mettre à profit pour encore mieux mobiliser ses forces vives. Parmi les solutions discutées : la création d’un comité interinstitutionnel chargé d’harmoniser les pratiques et de partager l’information; le développement d’une plateforme de maillage utilisant l’intelligence artificielle; et le recours à des modèles hybrides intégrant la participation de membres du personnel ou de la famille. Les échanges ont aussi insisté sur la nécessité de renforcer la diversité – géographique, générationnelle et de genre – dans le repreneuriat québécois.

Échanges fructueux dans le cadre des ateliers

Conclusion – Agir maintenant pour bâtir l’avenir

En clôture, Lucien Bouchard a résumé l’esprit de la journée : l’intérêt commun est clair, les gains potentiels sont considérables, et l’écosystème a montré qu’il peut collaborer et agir. Il faut maintenant tirer profit de cet élan pour qu’une plus grande part des transferts se réalise tôt, bien et ici.

La grande rencontre – Agir pour le repreneuriat a confirmé la volonté collective d’unir les forces du Québec Inc. pour soutenir la relève entrepreneuriale, préserver les sièges sociaux et stimuler la productivité et l’innovation.

Cet élan partagé témoigne d’un engagement durable à faire du repreneuriat un moteur de prospérité à long terme pour le Québec.

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